Les habitudes s’installent. 8h préparation des rations. Nous avons commencé à travailler Cristal L’ocelot et Runi le Yaguarundi afin de voir si Cristal travaillerait un peu. Au premier essai, il n’a rien voulu savoir. Nous sommes donc allés entraîner Runi. A la fin de la session Cristal nous attendait sur la plateforme dans la cage de contention ! Nous avons pu le travailler avec une partie de sa ration, il n’est pas partit une seul fois, nous nous sommes arrêter avant qu’il en est marre.
Nous avons ensuite travaillé Théo le tapir à qui nous apprenons à ne pas s’énerver lorsque nous rentrons avec de la nourriture et à accepter d’être touché. Avec Mouphasa le vieux Puma, nous sommes toujours accompagnés de Sasi qui lui fait des gratouilles à travers le grillage, j’en profite alors pour prendre un bout de bois et lui enfoncer dans la cuisse.
Après cet entraînement, Sasiy nous a proposé de l’accompagner pour nourrir Cholita, c’est une femelle Ourse qui vient du même cirque que Mouphasa. Elle est apparemment mal en point dû à la mal nutrition. Nous sommes rentrés dans son enclos. Cholita n’est pas sortit de son igloo tandis qu’Isis et moi sommes restons en arrière. Sasi s’avance dans l’entrée avec son repas pour la faire sortir. Tout d’un coup nous entendons un rugissement, Sasiy recul mais ne s’en va pas, elle retente une approche mais Cholita ne veut pas. Nous sortons de l’enclos. Quelques minutes après Cholita sort pour manger, c’est un ours de petit gabarit et il me serait impossible de vous dire quel genre d’ours elle est car elle n’a plus de poil… Pratiquement imberbe, nous n’avons jamais vu cela et c’est avec beaucoup d’émotion que nous voyons le résultat de sa maltraitance.
Nous échangeons avec Sasiy au sujet de Cholita, avant elle faisait le tique de l’ours (balancement de la tête) mais depuis qu’elle est au refuge, elle ne le fait pratiquement plus. J’ai demandé si le cirque avait fermé, elle nous a répondu que oui. Cela fait 3 ans que les cirques avec animaux sont interdits au Pérou et que les saisis sont autorisées. Elle nous explique que beaucoup de cirque prélève en nature les animaux et qu’il y a beaucoup de trafic.
Avec Isis nous nous retirons le cœur serré, les larmes aux yeux, ce que nous venons de voir nous a beaucoup émus. S’en suit évidemment une conversation où nous avons du mal à comprendre comment des gens peuvent infliger cela à un animal… Cela nous dépasse… Mais à la fois, devons-nous nourrir une forte colère envers ces personnes, qui comme nous l’avons constaté lors de notre discussion avec Roberto dans l’avion, n’ont pas accès à la connaissance et dont on ne nourrit pas la conscience ? Devons-nous tuer ces gens car ils ont maltraités ces animaux alors que leurs gouvernements eux-mêmes les maltraitent ? Si nous avions tous grandis dans ce pays et dans un cirque d’animaux aurions-nous toujours le même discours ? Il est certain que c’est une question très dure, mais j’essaie toujours de me mettre à la place de chacun et la vie içi est tellement loin de la nôtre… Je n’accepte pas ce genre d’action mais je ne pense pas que nourrir de la haine permettra de faire changer les mentalités.
Cela me rappelle une discussion sur l’utilisation des méthodes, lors d’un de mes cours que je donnais au BP Educateurs Canin de Cibeins, une élève me demande : « comment ne rien dire face à une personne qui étrangle son chien au bout de la laisse ? Si je vois ça je ne peux pas rester impassible ! » Je lui réponds que moi non plus et que je m’intéresserais à pourquoi la personne le fait car si je rentre en conflit avec cette personne je ne lui permettrais pas d’utiliser d’autres méthodes.
Je lui demande alors : « Que voudrais-tu que cet homme fasse plutôt qu’étrangler son chien ? »
– « Qu’il utilise d’autres méthodes plus respectueuses ! »
– « Penses-tu qu’en rentrant en conflit avec lui, il arrêtera ? Moi je pense qu’il l’étranglera encore plus. »
C’est évidemment un sujet compliqué car comme beaucoup d’entre nous, bien entendu, je n’accepte pas ce genre de traitement, mais j’aimerais que cela change et j’ai appris que la « non violence » permettait de comprendre les autres et si ils se sentent compris nous pouvons leur apporter d’autres outils.
Le but de cet article n’est pas de déclencher des ébats violents sur les réseaux sociaux, nous en avons bien assez pour en remettre plus. Simplement, ne nourrissons pas de la haine car elle ne nous fera pas avancer. Soyons heureux que des refuges comme Taricaya et bien d’autres dans le monde soit présents avec des personnes aimants et travaillants dure pour le bien être de la vie.
Nous sommes venus içi pour aider des animaux de refuge et nous y prenons du plaisir, mais je le sais dans tout voyage et rencontre il y a des choses difficiles à voir, à vivre. Nous sommes très reconnaissants d’être içi pour découvrir ce sanctuaire pour les animaux et de s’apercevoir que des personnes sont là pour les protéger.